- Bénédicte CRONIER

                                                                                                     Les Blogs de Dany

Publié le  17/4/2007 à 17:23


Bénédicte Cronier : Le jour où les femmes passeront leurs nuits dans les tripots...















Bénédicte Cronier   

Dany - Bonjour et merci de m’accorder cet entretien.
Ton nom : Bénédicte Cronier (pseudo patapon).
Tu es née le 23 juin 1961 à Nantes. Tu es mariée avec un Champion de Bridge qui est aussi le partenaire de Paul Chemla : Philippe Cronier.


Béné - Non

Dany - Non quoi ?

Béné – Etait !

Dany – Etait ?

Béné - Philippe n’est plus le partenaire de Paul Chemla depuis Les Championnats d’Europe en Pologne.

Dany – Tu as 2 enfants ?

Béné – Oui 1 garçon de 26 ans et 1 fille de 22 ans, tous les 2 étudiants dans une Ecole d’ingénieurs.

Dany – Bridgeurs ?

Béné – Non, pas comme les fils Bessis ou Gaviard. Ils savent forcément jouer au bridge puisqu’ils ont grandi là dedans, mais seulement pour faire le 4e pendant 2 donnes si besoin était, autrement dit ce n’est pas leur truc.

Dany - Tu participes aux Championnats d’Europe dans l’Equipe de France Junior très tôt ?

Béné – En fait, j’ai représenté la France dès 1979 dans une épreuve (qui n’existe plus) et qui s’appelait le « Championnat du Marché Commun » et qui avait lieu tous les 2 ans.

Dany – Comment es-tu venue au bridge ? Quel est ton parcours ? Quels étaient tes rêves de jeune fille ? A quoi te destinais-tu ?

Béné - J’ai commencé à jouer avec ma sœur et ma mère. Ma mère nous faisait jouer du bridge de salon. J’avais 14 ans et ma sœur 16. Ma sœur c’est Fabienne Pigeaud qui est avec moi dans l’équipe de France. J’avais un oncle qui était Président du Club de Bridge de Nantes. Naturellement nous y avons débuté et nous sommes tombées dans la marmite. J’ai rencontré Philippe au Tournoi de La Baule j’avais à peine 17 ans, à 19 ans j’étais enceinte. Alors je n’ai pas eu le temps d’avoir des rêves de jeune fille ! Tout s’est enchaîné. J’ai quitté mes études à la fin de la seconde et c’est Philippe qui m’a incitée et aidée à passer mon bac en candidate libre. J’étais déjà 1ere série carreau quand je l’ai rencontré et lui était 1ere série pique. Nous avons grandi ensemble dans le bridge. Je n’ai donc pas eu d’autres projets à faire. Le bridge est venu naturellement et a rempli ma vie.
La différence est que Philippe a fait plus d’études, notamment des études d’ingénieur statisticien, et a travaillé plus que moi le bridge.
Je suis un peu paresseuse pour apprendre des conventions compliquées. Je préfère jouer simple, un bridge naturel plutôt que d’avoir un ou une partenaire qui m’embarquerait dans un bridge artificiel avec des conventions compliquées à retenir. Je préfère me concentrer sur le jeu de la carte plutôt que de m’encombrer d’un tas de détails d’enchères. Je suis plutôt étourdie, distraite dans la vie, j’oublie tout le temps des tas de choses, mes clefs par exemple, des tas de choses importantes... Je suis plutôt une bonne vivante, j’aime faire la fête, mais je suis aussi un petit oiseau dans la vie, c’est-à-dire que la concentration n’est pas quelque chose de naturel chez moi. Je dois donc m’efforcer de tenir la concentration tout au long d’un tournoi mais dès que c’est terminé je veux oublier et faire la fête.





Dany : Tu as gagné tous les titres : plusieurs fois Championne d’Europe, Championne du Monde individuel dame en 2000, Championne du Monde dame par équipe en 2005… Lorsque l’on a atteint ton niveau, que l’on a tout gagné, quelles espérances, quel but, quel objectif a-t-on encore ?

Béné - Non je n’ai pas tout gagné ! Mes titres : Championne d’Europe, du Monde, etc… je les ai gagnés mais je n’en tire aucune fierté, aucune gloire, aucun orgueil. Ce sont un peu des demi-victoires. Ce sont des titres « féminins ». Je n’ai aucun but, aucun objectif, dans le sens où je n’attends rien de particulier, je suis plutôt cool, je n’ai aucune pression, mais je vais maintenant jouer avec Philippe pour une place en équipe Open. C’est une opportunité, le moment choisi : il n’a plus de partenaire puisqu’il s’est séparé de Paul Chemla. Il va donc s’habituer à jouer avec quelqu’un qui est moins bonne que lui mais qui est quand même Championne du Monde et peut être meilleure que d’autres éventuels partenaires et moi je vais progresser encore pour obtenir cette place en équipe Open.

Dany – N’est-ce pas difficile de jouer avec son mari en général, mais surtout à ce niveau de jeu ?

Béné – On verra bien... Plus jeunes, cela aurait été plus difficile, il nous arrivait de nous disputer pour le bridge. On est adulte, on a mûri, on est plus calme et réfléchi. Cela devrait bien se passer. De toute façon il est hors de question de mettre notre vie de couple en danger pour du bridge.


Philippe et Bénédicte









Dany – Si tu te qualifiais tu serais la 1ere femme à entrer en Equipe Open !

Béné – Oui je le crois, en tous les cas, et à ma connaissance, depuis plus de 30 ans que je joue au bridge il n’y a pas eu de femme en équipe Open.

Dany - Que penses-tu de l’opinion de Paul Chemla ? Sur les femmes en général (et de leur faible niveau) ? Sur le niveau de l’équipe Open ?

Béné -Je laisse ses opinions à Paul Chemla… Mais s’il est vrai que les femmes ne sont pas au même niveau cela tient à plusieurs facteurs. Comme je te l’ai expliqué pour Philippe, c’est la même chose pour Chemla et pour les autres de l’équipe Open. Ils ont d’abord pris le temps de faire des études mais surtout ils ont consacré beaucoup de temps, tout leur temps au bridge. Pour arriver à ce niveau il faut être des « givrés » du jeu. De tous les jeux. Commencer ses soirées dans des tournois ou des parties entre amis, finir ses nuits dans des tripots, passer sa vie à jouer. Cela ne choque pas grand monde quand il s’agit d’hommes. Le bridge, comme tous les jeux, est, avant tout, un univers d’hommes. Ce sont, en général, des hommes talentueux au départ qui auraient de toute façon réussi dans d’autres domaines. La différence c’est que les femmes ne passent pas leurs nuits dans les tripots et que si elles sont talentueuses elles exercent leurs talents ailleurs qu’aux jeux. Une autre culture, une autre éducation, un autre regard des autres.
Mais que les femmes, demain, pratiquent avec les hommes, comme les hommes et il y aura des femmes en équipe Open, du même niveau que les hommes.
La Fédération Française n’aide pas dans ce sens en continuant de faire des épreuves séparées pour les femmes et d’autres pour les hommes. Pourquoi pas des compétitions pour les blonds et d’autres pour les bruns, pour les yeux bleus et pour les yeux verts…
Il faudrait conserver une épreuve Seniors car on sera vieux aussi un jour. Une épreuve juniors évidement. Enfin, une épreuve Open, uniquement, plus d’épreuves femmes. Et c’est à ce prix que les femmes seront un jour l’égal des hommes. Il n’y a pas si longtemps les femmes ne faisaient pas médecine ou mathématiques, pas de carrières scientifiques, pas cosmonautes ni pilotes, pas d’accès à de nombreuses professions réservées aux hommes, à des métiers qui étaient des milieux d’hommes. Aujourd’hui toutes ces barrières sont tombées, les femmes exercent toutes les professions, et on s’aperçoit qu’elles sont les égales des hommes et parfois meilleures qu’eux dans des domaines qui leur étaient inaccessibles il y a peu. Alors, au bridge, c’est la même chose, on a seulement ce handicap à combler. D’autant que la Bermuda Bowl qui est le Championnat du Monde par équipe se déroule en même temps que la Venice Cup qui est l’épreuve féminine de ce Championnat du Monde.
Et tant qu’il y aura des femmes pour jouer la Venice Cup elles ne pourront pas s’aligner dans l’Equipe Open de la Bermuda Bowl.
Alors ce qui m’énerve un peu c’est quand les filles de l’équipe junior me disent : on va essayer d’obtenir une participation au tournoi « girls ». (Cette compétition existe depuis seulement quelques années). J’ai pris le temps de tout leur expliquer et j’espère que cela sera profitable. Qu’elles choisiront d’aller de l’avant et pas de faire un retour en arrière car ce genre d’épreuves ne va pas dans le bon sens.


Dany - Ce qui veut dire que tu devras laisser tomber l’équipe féminine si tu étais qualifiée dans l’équipe Open ?

Béné - oui et je n’hésiterai pas si j’ai l’opportunité.

Dany -Est-ce la raison pour laquelle Catherine d’Ovidio n’est jamais rentrée dans l’équipe Open ?

Béné - Sûrement que Catherine a le potentiel, la volonté et l’énergie pour y arriver. Mais on préfère sans doute la voir en Equipe féminine où elle a de grandes chances d’apporter des victoires et des médailles alors qu’il y a actuellement des hommes qui pourront faire au moins aussi bien qu’elle en équipe Open. Elle a tenté sa chance, elle est allée jusqu’en finale. … Mais tant que Catherine restera au sommet du bridge féminin elle ne pourra peut être pas s’investir là comme il faudrait…

Dany -L’ambiance est comment chez les filles ? Plutôt bonne ?

Béné - Oui bonne ambiance. Ca ne veut pas dire qu’il n’y a pas parfois des coups de gueule, comme il y en a dans l’équipe open, mais l’ambiance est très bonne et c’est sans doute aussi une partie de la réussite de l’équipe.



Dany - Penses-tu, comme Catherine, que la Fédération ne fait rien pour vous ?

Béné - L’objectif de la Fédération n’était pas ces dernières années de s’occuper de ses élites mais plutôt du nombre de ses adhérents. Personnellement j’ai appris à ne pas attendre plus qu’elle ne peux donner. Dans le passé il y a eu quelques Présidents qui prenaient en compte nos désirs. Des Présidents, comme Beineix, qui étaient fiers de leurs Champions. Ce n’est plus le cas. Catherine, oui, à raison de râler, mais je n’ai pas envie de m’impliquer là dedans. Je n’ai même pas envie d’en parler...
Nous avons appris avec Philippe à gagner notre vie à partir du bridge, autour du bridge et à partir de notre talent. Nous donnons des cours, organisons des tournois, jouons sponsorisés, arbitrons des tournois, écrivons des articles, etc…


Dany – Vous organisez aussi des stages et des voyages de Bridge ? En vivez-vous confortablement ?

Béné -oui, les stages Top Bridge + existent depuis plus de 20 ans, 2 stages en Juillet à Saint-Jean de Luz, un en Août à Deauville***. C’est un genre séminaire, type Université du Bridge, avec cours, conférences, donnes préparées le soir. Des intervenants de qualité comme Alain Lévy, Nicolas Dechelette et bien sûr Philippe.
Nous organisons également un voyage pour le 1er de l’an, etc …
Ces diverses activités et celles citées précédemment nous permettent de vivre d’une manière normale, plutôt confortable mais pas exagérément. Philippe est aussi Rédacteur en Chef de « Jouer Bridge », il a écrit des ouvrages, il a, nous avons eu beaucoup d’activités autour du bridge.


Dany - Quel est ton meilleur souvenir lié au Bridge ?

Béné - Pas de souvenir particulier. Pas forcément mes victoires les plus importantes mais plutôt les victoires comme celle des Championnats d’Europe en Pologne. Nous étions menées tout au long de la compétition, nous avons gagné le dernier match, pris la tête et battu les Hollandaises, c’était magique. Plus agréable que de faire la course en tête comme à Estoril, d’avoir la pression sur toi. Plus on avançait et on continuait de mener et plus la pression montait et à chaque match il fallait se battre pour ne pas se faire dépasser et conserver l’avantage. Cette pression dure toute la compétition. Quand la victoire arrive tu ne savoures pas pareil. Contrairement, si on perd , si on est mené, on n’a moins de pression, enfin moi je n’en ai pas. Je joue pour arracher la victoire mais si je perds, tant pis, ça s’arrête et je vais faire la fête. Alors voilà c’est ça mes meilleurs souvenirs, indépendamment de l’importance de la Compétition, c’est ce genre de victoires que j’aime.

Dany - Le pire ?

Béné - J’ai beau chercher je ne vois pas. Non pas de mauvais souvenir. Pas de « défaite » qui soit un pire souvenir . Quand j’ai perdu, c’est fini, ça s’arrête. Point. Pourvu qu’on ne me poursuive pas après avec « pourquoi et comment ».

Dany – As-tu une anecdote particulière ? Une histoire marquante ? Drôle ou dramatique ?

Béné -J’ai une manie, un tic : je prends une mèche de cheveux derrière la tête ou sur le côté et je la « tripote » quand je joue. Je passe cette mèche sous mon nez, sur ma joue, bref je ne la lâche pas. C’est comme ça, je ne peux pas m’en empêcher ! Un jour, après un match en Championnat d’Europe juniors, je suis convoquée par l’arbitre avec ma partenaire, ma sœur Fabienne. J’arrive dans une salle où tout le staff est là : Présidents, entraîneurs, arbitres, tous les officiels sont déjà assis autour d’une grande table et il reste 2 sièges vides : Pour Fabienne et moi. L’arbitre qui commence à me poser des questions a un tic : il a un œil qui cligne sans cesse. Il m’interroge en anglais. A l’époque je ne parle pas très bien (heureusement que j’ai fait des progrès depuis) et il me dit « Quelle signification donnez-vous à cette mèche de cheveux que vous « tripotez » sans cesse ». Et là, je vois rouge ! Je comprends soudain que je suis devant un Tribunal qui m’accuse de tricher ! Alors, brusquement, spontanément, avec mon anglais approximatif je lui rétorque « Et vous, quelle signification donnez-vous au fait que vous me faites de l’œil depuis que je suis entrée ??? »











Béné

Dany - Quels regrets garderas tu ? (si tu en as)

Béné - Aucun, je ne vois pas. Je ne suis pas « comblée » par les titres que j’ai obtenus, je ne les marque pas sur ma carte de visite, je ne dis pas en général que je suis Championne de bridge, même pas que je fais partie de l’équipe de France. Je dis seulement « Je suis bridgeuse » ou « je vis du bridge » quand on me le demande. Mais je n’ai aucun regret particulier.

Dany -Quelle (s) qualité (s) te semble essentielle chez un partenaire ?

Béné - Chez Mon ou Ma partenaire ? En fait, Sylvie Willard a de grandes qualités dont l’essentielle est qu’elle ne bouge pas d’une oreille. Elle est calme, concentrée, elle ne dit rien. J’ai besoin de ça. Je suis facilement distraite et j’ai besoin de quelqu’un de très cool en face.
C’est très différent avec Philippe qui a une grosse présence à la table. Il souffle, il respire plus fort. Il a une présence physique… Ses grandes mains qui triturent les cartes, bref c’est totalement différent.
De plus elle accepte de jouer simple, un bridge naturel comme je te l’ai expliqué. Et puis, elle me fout la paix. Quand un match est terminé je n’aime pas revenir dessus, refaire les donnes.


Dany - Quel (s) défaut (s) tu détestes le plus chez un partenaire ?

Béné - Chez Sylvie ? Je cherche.. Non, je ne vois pas… Si après un match elle me dit « Et pourquoi tu as mis ton roi » « Qu’avais-tu dans ta main » « pourquoi cette entame », enfin si elle me poursuit, le soir, alors que je ne veux plus penser au match, je n’aime pas et ça m’énerve. Mais en fait ça arrive rarement et elle me fout la paix.

Dany - Le joueur qui te fascine le plus ?

Béné - Pas de nom particulier.

Dany - La joueuse qui te fascine le plus ?

Béné - Pareil. En fait ce n’est pas un joueur ou une joueuse mais plutôt des paires pour leur cohésion. Le bridge est un jeu de paires et j’aime regarder des joueurs vifs à la carte, des joueurs qui font preuve d’imagination pure, qui m’impressionnent par le travail que l’on sent derrière l’équipe. L’importance de la stabilité, de la longévité de ces paires. La domination actuelle du bridge italien en est la preuve car ils ont des sponsors qui les payent pour jouer, pour travailler leur bridge, pour les dégager des contingences matérielles….

Dany – D’où vient ton pseudo « patapon »

Béné – De la chanson « et ron et ron petit patapon » j’avais appelé mon chat patapon. Il est mort un mois ou deux avant que je commence à jouer sur BBO. Alors, au moment où je devais prendre un pseudo j’ai pensé à lui et je suis devenue patapon.

Dany - FFBBO est maintenant en ligne ? Qu’en penses-tu ?

Béné - J’y suis favorable. C’est une très bonne chose. Il y a tout à y faire. Non seulement pour tous ceux qui arrivent et ne parlent pas anglais et qui trouveront rassurant d’être dans un univers francophone, non seulement pour permettre à des paires de s’entraîner, mais aussi pour les jeunes qui ne poussent pas la porte des Clubs et qui auront envie de se mettre au bridge. Il est temps d’assurer la relève.

Dany – La relève ? Vraiment ?

Béné – Oui, quand je suis entrée dans l’équipe de France j’étais la plus jeune et je le suis encore aujourd’hui… Alors si FFBBO peut permettre de découvrir de nouveaux talents….

Dany - As-tu envie de t’y investir ?
                                                                             
Béné – Non

Dany – Non ?

Béné - Non. Je crois l’avoir déjà fait à ma mesure. Je suis arrivée sur BBO quand il y avait seulement une centaine de joueurs. J’en ai fait la promotion. J’ai amené du monde.Je me suis investie pour ça. J’y ai cru et je ne me suis pas trompée. J’ai participé à l’élaboration des vugraph. J’en ai été l’une des initiatrices. Lorsque la Fédération Française a eu envie d’avoir son propre site, j’ai plutôt conseillé dans le sens de FFBBO en pensant que c’était mieux d’être à l’intérieur qu’indépendant. Comme tu le sais sûrement, Jean-Paul Meyer a démissionné de ses fonctions et il s’était beaucoup investi dans ce projet. Alors maintenant ? Ils ont un formidable outil entre les mains, à eux de l’utiliser au mieux. Je suis favorable à FFBBO mais à d’autres de s’y investir. Si Hervé a besoin ponctuellement d’un coup de main, ou pour participer à un tournoi, je ne dirai pas non mais ça s’arrête là. Tu sais, je n’ai même pas entré mon numéro de licence car je n’ai pas envie d’avoir l’étoile. Si les gens veulent kibbitzer du bon bridge ce n’est pas moi qu’ils doivent venir voir jouer. Quand je joue sur BBO, je suis avec des amis, je tchate, je bois un verre, je rigole, bref je passe un bon moment sans prise de tête. Quand ça me prend, parfois tard le soir, d’avoir envie d’un tournoi, je le monte moi-même. Mais là aussi je n’ai pas envie de le faire d’une manière systématique malgré les demandes qui me sont faites : c’est quand j’ai envie comme j’ai envie. Pour FFBBO pareil : je ne dis pas non mais pas un investissement permanent, ce n’est pas mon rôle. Je suis joueuse de bridge et pas organisatrice. Si on me demande de monter une table sur FFBBO ce sera volontiers. M’y entraîner avec Philippe ou d’autres pourquoi pas. Je suis joueuse de bridge avant tout.

Dany – L’atout de FFBBO est peut être dans les changements sur BBO. Je ne sais pas qu’elle est ton impression mais la mienne est que cela ne va pas devenir facile sur BBO en tous cas. Comme toi je suis arrivée lorsque il y avait une centaine de joueurs, 2 à 300 dans les horaires forts. J’arrivais d’un site américain sur lequel il y avait à l’époque entre 1000 et 2000 joueurs en permanence, sans règlement, sans yellow, sans garde-fous. Les gens arrivaient et quittaient la table sans dire ni bonjour ni au revoir, parfois en plein milieu d’une donne, aucune explication sur les enchères, les insultes faciles etc… Les Gogosbridgeurs sont nés de cette époque et ont migré sur BBO avec délices. Nous nous retrouvions entre personnes civilisées et cette incroyable liberté et ce bonheur étaient quand même dûs en partie à la surveillance du site dont beaucoup de personnes n’ont pas conscience. Avec l’augmentation incroyable du nombre de joueurs, la barre des 10.000 est maintenant régulièrement franchie, cette « surveillance » est actuellement défaillante, inefficace, complètement débordée. abuse a été obligé de mettre en place un répondeur automatique qui donne rarement suite aux problèmes « mineurs ». Ils essaient de ne se consacrer qu’aux problèmes les plus graves, comme la triche. C’est sans doute dans ce sens que FFBBO sera plus efficace, si Hervé en a les moyens, pour régler tous les litiges dans un monde plus convivial et plus réduit en nombre. Imagine qu’actuellement, sur 10.000 joueurs le soir, s’il y en a seulement 0,5 % de malfaisants, de mal élevés, de malhonnêtes, de mal pensant... Cela fait environ 50 personnes : c’est peu et c’est énorme à la fois...

Béné - Si comme moi tu joues avec des gens que tu connais tu n’as pas ces soucis. Cependant, c’est vrai, BBO devra trouver des solutions. Mais tu devrais surtout insister davantage sur les problèmes de triche, de règlement etc… On ne le dit pas assez ! Tu connais comme moi des gens qui ont été exclus de BBO pour triche alors que ce ne sont pas des tricheurs dans la vie et qu’ils n’avaient peut être pas le sentiment de tricher.

Dany – Je crois pourtant qu’on l’a assez dit ! J’ai pris la peine de traduire le règlement intégral de BBO car je le trouvais assez incroyable et en même temps c’est justement parce qu’il prévoit tous les cas de figure et qu’il est appliqué sans faiblesse, si nécessaire, que cela a garanti jusque là la « liberté » pour tous.

Béné - Oui, « la liberté des uns s’arrêtant… » Mais je te promet que cela peut arriver à des joueurs qui ont plusieurs ordis d’être tentés de les brancher en même temps pour savoir ce que ça fait de jouer à cartes ouvertes, comme un défi différent, ou pour jouer face à soi même, en faisant abstraction de l’autre jeu et en se mettant dans la peau des 2 personnes, sans avoir conscience de tricher, ou tout simplement de délirer un moment avec un copain sans penser à mal. BBO donne toutes ces possibilités mais les gens doivent savoir qu’elles sont interdites, que BBO sait tout, qu’ils savent combien vous avez d’ordis, si vous les branchez en même temps ou pas, les horaires de connexion… Les gens doivent savoir que BBO a tous les moyens nécessaires pour démasquer les gens qui franchissent la ligne jaune.
Certains ont l’impression qu’ils volent une orange à l’étalage quand ils enfreignent le règlement. Pas vus pas pris. Plus par jeu que par faim. Ce qu’ils ne savent pas c’est qu’il y a des caméras en haut de l’étalage et qu’il suffit de consulter les bandes vidéos pour découvrir qui a volé, quand, combien et depuis quand. Et ça les joueurs doivent le savoir. BBO c’est Big Brother. De même que si l’on était persuadé qu’il n’y aurait pas de radar sur les routes on ne limiterait pas sa vitesse, persuadés qu’il n’y aurait pas de contrôle d’alcoolémie on conduirait en toute impunité, alors oui si les joueurs savent ce qu’ils encourent peut être qu’il y aura moins de problème. Tu n’empêcheras jamais les tricheurs, comme dans les Clubs ou partout ailleurs, mais s’il y a un potentiel de 0,5 % dont une grande partie sans réelle conscience de ce délit, alors oui en les prévenant mieux on réduira de beaucoup ce nombre d’interdits qui ne comprennent pas ce qui leur arrive un matin en ouvrant leur ordi et découvrent un bannissement de 2 ans sans explication.
Peut être qu’un jour BBO n’aura pas d’autre solution que celle appliquée par les sites de poker sérieux. Tu t’inscris mais si ton mari veut aussi s’inscrire avec son pseudo à lui l’inscription est refusée car elle est seulement donnée à une personne par adresse IP. Il faut ensuite montrer patte blanche, dire qui on est et ce que l’on veut faire exactement pour avoir une dérogation à cette règle de sécurité. Bref les sites de poker sont surveillés davantage et c’est normal, surtout quand il y a de l’argent en jeu.
Mais pour BBO insiste, met en garde…


Dany - Je te remercie infiniment Bénédicte, au nom de tous les passionnés de bridge en général et des Gogosbridgeurs en particulier, d’avoir pris de ton temps pour nous faire mieux connaître qui est une de nos Championnes et pour nous avoir livré un peu de toi même.






***
Stages Top Bridge +

- 1 semaine du 8 au 14 juillet à l’Hôtel Hélianthal de Saint-Jean de Luz (64)
- 1 semaine du 15 au 21 juillet à l’Hôtel Hélianthal de Saint-Jean de Luz (64)
- 1 semaine du 19 au 24 Août à l’Hôtel du Golf Barrière de Deauville (14)

Renseignements et inscriptions auprès d’Emmanuelle Dechelette
Téléphone 06 27 29 00 44

Ou contacter patapon sur BBO et FFBBO.
Le portable de Bénédicte 06 11 32 81 42

Ou par mail : nicolas.dechelette@worldonline.fr










L'Equipe féminine avec sa soeur Fabienne Pigeaud

Convention Card Bénédicte Cronier et Sylvie Willard

La Fiche de Béné à la Fédération Mondiale

Une interview (en anglais)

Photos de Bénédicte et Philippe

Objectif Bridge sous la responsabilité de Philippe Cronier

Jouer Bridge - Philippe Cronier Rédacteur en Chef

REGLEMENT DE BBO : COMPORTEMENT, ETHIQUE ET BIENSEANCE

Stages TOP BRIDGE +

                       
                                                                                               Les Blogs de Dany