- Maurice PANIS



                                                                                                                                 Les Blogs de Dany


Publié le    5/5/2006 à 21:40




  








Maurice Panis


Dany - Bonjour Maurice Panis et merci de m’accorder cet entretien.

M.P. -Bonjour, Je vous réponds (avec un certain retard…), bien que votre site semble un peu trop polémique, mais nous devons donner l’information à tous.


Dany - Vous êtes Président de la Fédération Française de Bridge et à ce titre j’aimerais avoir quelques précisions sur des bruits qui courent. On dit que :
« A partir du mois de septembre 2006, un clone de BBo ouvrirait ses portes.
Il s'agirait d'un site identique à celui de BBO, commandé par la FFB à Gitelman moyennant dixit ma source un paiement de 7000 euros. La ffb s'etant rendue compte que près de 20 000 français jouaient en ligne a voulu leur offrir(???) un espace gratuit(???) pour eux.
Toujours selon les infos de ma source, ce French BBO n'accepterait pas les faux "experts, debutants etc etc".
La ffb se servirait des licences des joueurs pour verifier leur profil annoncé!!! Quid alors des non licenciés? »
Je vous rapporte les propos tels qu’ils m’ont été présentés.
Confirmez-vous ces informations ? Toutes ces informations ?
Pouvez-vous me donner plus de précisions ?



M.P. - Vos informations sont en partie exactes sauf pour les points suivants :

Le site ffbridgenligne.com sera bien offert et sera gratuit.

En ce qui concerne les licenciés nous demanderons leur numéro de licence pour connaître leur classement, mais nous accueillerons aussi les non licenciés qui indiqueront leur niveau avec une terminologie proche de celle de BBO.

Ce nouveau site est en partie mis en place afin de faciliter l’accès et la pratique du bridge pour ceux qui pour une raison ou une autre n’ont pas été attirés par la compétition au sein des clubs traditionnels. Les motifs peuvent être divers : manque de temps pour des tournois complets (l’enquête menée dans le cadre de Cap120000 a montré que le départ des joueurs était essentiellement dû à leur manque de disponibilité), pas de structure proche, impossibilité de se déplacer, pas d’attirance pour les clubs (notamment pour les jeunes joueurs).


Dany - Puisque ces informations sont confirmées :
La FFB se trouverait-elle à l’intérieur de BBO comme l’ACBL qui a un droit d’organisation de tournois payants ?
Se trouverait-elle en dehors, indépendante ?
Si oui, comment s'appellerait ce BBO français ?
Qui y aurait accès ?
Envisagez-vous des tournois payants ?


M.P. -Le site de la fédération aura une adresse et sera autonome. Il y aura bien sûr un lien aller et retour avec BBO.

Il n’est pas dans l’intention de la FFB d’organiser des tournois payants ni de distribuer des points d’expert sur Internet. Pour conserver un esprit ludique et compétitif nos avons toutefois l’intention de créer un classement interne au site sans osmose avec le classement national.

Ce nouveau site sera géré par la FFB mais entièrement autonome. Son nom de départ sera ffbridgenligne, peut-être le nommera-t-on un jour simplement FBL…

L’accès sera libre et gratuit pour tous et nous recommanderons l’usage du français …et du standard français, car un certain nombre de joueurs sont rebutés par l’environnement anglophone de BBO.


Dany -« La Fédération Française de Bridge a pour fonction l'organisation et le développement du bridge sous toutes ses formes en France et assure la représentation du bridge français au plan international »
On trouve ce préambule au « fonctionnement » de la FFB.
Pensez-vous que ce but passe par votre objectif des 120.000 licenciés ?


M.P. -Le développement de la FFB ne passe pas par des tournois payants sur Internet ! Certes l’objectif des 120000 licenciés pourra être ainsi sans doute plus facilement atteint, mais nous en sommes déjà à 106000 et 120000 ne peut être un objectif à vie…

Dany -Certains « champions » se plaignent que la FFB ne s’intéresse pas au bridge de « l’élite ». Qu’en ait-il ?

M.P. - J’ai lu avec stupéfaction les réponses de Catherine d’OVIDIO. AUCUNE fédération dans le monde ne traite mieux ses champions de bridge que la FFB tant en ce qui concerne les conditions de déplacement et d’hébergement lors des compétitions internationales qu’en ce qui concerne les primes de résultats allouées. Dire que la FFB ne fait rien pour elle c’est oublier un peu légèrement que sur 2 saisons la Fédération lui aura donné au total près de 30000 euros !!

Dany -Que gagne en moyenne un joueur qui remporte une compétition internationale de premier ordre ?

M.P. - L’ordre de grandeur des primes versées est fonction de l’importance de l’épreuve, il peut atteindre 15000 euros par joueur pour une victoire dans la Bermuda Bowl (12500 pour la Venice Cup) sans compter les primes de sélection et un complément éventuel versé par nos sponsors.

Mais il ne faut pas oublier pour les champions les retombées indirectes provenant notamment de la rétribution versée par certains joueurs désireux de s’attacher les « services » de champions titrés pour disputer certaines compétitions nationales ou internationales.


Dany -Ces « champions » ne sont-ils pas la « vitrine » de la Fédération et leurs résultats en compétitions ne seraient-ils pas le meilleur moyen d’atteindre ce nombre de 120.000 licenciés ?
Pour cela leurs exploits devraient être médiatisés. Or, on a peu parlé de l’exploit de Catherine d’Ovidio et de l’équipe française, championne du Monde à Estoril, lors de la dernière Venice cup. Comment l’expliquez-vous ? (Surtout lorsque l’on sait que la plupart des licenciés eux mêmes ne connaissent pas le nom de leurs champions !)


M.P. - C’est un peu injuste de dire que les media n’ont pas parlé de nos championnes. Presse (surtout régionale), radios, journaux télévisés, rubriques spécialisées s’en sont faits l’écho. On ne peut forcer les journalistes à s’intéresser autant au bridge qu’au football, au tennis, à la formule 1 ou même au poker !!

Cela dit tous les automobilistes (des dizaines de milliers chaque jour) qui accèdent à l’autoroute A13 ou qui en sortent ne peuvent plus ignorer que la France est championne du monde de bridge, information affichée en lettres géantes sur l’immeuble de la FFB.


Dany - Si on compare à ce que gagne un sportif de haut niveau dans d’autres disciplines, est-ce suffisant, d’une part pour motiver les joueurs, d’autre part pour leur assurer le confort matériel et psychologique nécessaire ? Devenir champion signifie y consacrer tout son temps et pour ce faire ne doivent-ils pas être à l’abri des contingences matérielles ?
Pensez-vous qu’un jour il pourra y avoir un bridge professionnel en France ? L’objectif des 120.000 licenciés le permettrait-il ?


M.P. - Je ne crois pas que l’existence du bridge professionnel soit liée directement au nombre de licenciés. Malheureusement les résultats de nos champions, contrairement à certaines disciplines sportives de pointe, n’ont qu’une influence anecdotique sur notre développement. Ce n’est pas la mission d’une fédération de masse, dite d’éducation populaire, de gérer directement ce professionnalisme, n’en déplaise à certains !

En revanche la fédération se doit d’assurer dans les meilleures conditions possibles une représentation internationale : organisation des sélections, mise à disposition de moyens techniques et de moyens d’entraînement, intendance pour les déplacements …

Si le flux des recettes que le bridge pourrait drainer grâce aux résultats de nos champions était important, il serait normal que les meilleurs en bénéficient. Mais honnêtement je ne vois pas actuellement de signe avant-coureur montrant l’intérêt de la télévision pour le bridge, seule vraie possibilité de contrats rémunérateurs pour tous.

Dany - Le Bridge en ligne est un formidable outil pour la pratique de ce jeu et pour la reconnaissance de ses Champions à travers les « vugraph » de BBO.
Pensez-vous que ce soit une concurrence qui fasse baisser le nombre de tables dans les Clubs ?
Dès maintenant le constatez-vous ?


M.P. - Nous sommes persuadés que le bridge en ligne attirera de nouveaux joueurs vers les clubs. Le jeu en ligne ne leur prendra pas leurs adhérents, le contact social est bien plus riche quand il est réel et non virtuel et les points d’expert ne se gagneront que dans les clubs !

De nombreux jeunes ont fait leurs premiers pas sur BBO ou d’autres sites et sont venus ensuite vers la FFB, attirés par le contact réel avec souvent d’anciens partenaires virtuels, la compétition et le classement. A nous de fournir aux clubs la possibilité de communiquer vers cette nouvelle population. Ensuite ce sera aux clubs de …jouer !

Dany - Craignez-vous pour l’avenir ? Etes-vous favorable au maintien de la gratuité des sites de jeu en ligne ?


M.P. - Je ne vois pas de vrai motif de crainte pour l’avenir à condition de ne pas se contenter d’observer l’augmentation régulière de la moyenne d’âge des bridgeurs sans proposer de nouveaux moyens d’action. Nous devons prendre la possibilité du jeu en ligne plus comme une opportunité que comme un risque.

Je suis pour le maintien de la gratuité du jeu en ligne.

Mais que la publicité, les cours ou les conférences soient des sources de revenus éventuels, quoi de plus naturel !


Dany - Dernière question. A quand une femme dans l’équipe de France open ?
Quelle (s) conditions (s) faudrait-il pour que cela soit ?
Le titre de Championne du Monde n’est-il pas suffisant ?


M.P. - Pour faire partie de l’équipe de France Open il faut gagner la Sélection Open. Aucune femme n’a jusqu’à présent réussi cet exploit, même si cette saison deux femmes ont pour la première fois disputé la finale. Le stade suprême sera-t-il atteint en 2007 ?

Je vous remercie infiniment au nom des GogosBridgeurs d’avoir bien voulu répondre à mes questions.


Maurice Panis




Le Site Officiel de la Fédération Française de Bridge



Publié le 5/5/2006 à 21:40


                                                                                                                     Les Blogs de Dany