- Marion CANONNE

Publié le 28 mars 2011 à 21 Heures                                                  
                                                                      


Prénom Marion, nom Canonne, pseudo wechwech





Dany –  C'est ton père  qui t’a donné le goût de la politique puisque à l’I.E.P. de PARIS (Institut d’Etudes Politiques)  tu  milites à l’UNI-Sciences Po  pour faire que Sciences Po reste une école de l'excellence.  C’est ton père  qui  t’a également donné  le goût pour le bridge comme tu l’as expliqué au magasine Pays Blanc. Tu es née où et quand ?
Marion - Je suis née le 28 septembre 1988 à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, et j'ai grandi au Pouliguen, au bord de la mer. Mon père, Christian, en est l'ancien Maire et un des actuels conseillers municipaux ainsi que le Conseiller général du Canton du Croisic.
C'est lui qui m'a donné le goût de la politique, puisqu'après avoir fait mes études primaires et secondaires à Guérande, j'entre post-bac à l'I.E.P de Paris (Sciences Po). J'y effectue en ce moment ma cinquième et dernière année, en Master Affaires Publiques.
C'est également de mon père, de manière non intentionnelle au départ, que me vient cette passion pour le bridge comme je l'ai déjà expliqué au magasine Pays-Blanc.

 
Dany -  Tu as dû commencer tôt sur BBO (à quel âge ?) car cela fait des années que je t’y croise, sans savoir qui tu étais avant ces fameux Championnats.

Marion - J'ai débuté vers 13 ans sur BBO, et je me suis mise à y passer de plus en plus de temps en rentrant du collège puis du lycée. Comme je n'avais pas de difficultés en cours, mes parents m'ont laissée faire. J'ai eu la chance de faire la connaissance de bons joueurs, comme Godefroy de Tessières, mon partenaire de mixte depuis des années, et de progresser grâce à eux.














Godefroy de Tessières





Dany - Et pourquoi ce pseudo wechwech ?
Marion: Il vient d'une ''private joke'', issue d'une colonie bridge entre jeunes quand j'avais 14 ans...


colo bridge cadet 2004



Dany - La fédération française avait décidé de « monter » une équipe de juniors afin de les préparer comme des sportifs de haut niveau et de gagner ces championnats. Ce fut une préparation de 3 années.  18 joueurs furent retenus, puis 12, puis 8 et enfin 6 ont été sélectionnés et ont remporté pour la 1ere fois dans l’histoire du bridge français les championnats du monde dans cette catégorie des moins de 21 ans.
Comment as-tu vécu ces moments ? Ton recrutement ? Ta motivation ? La victoire ?










Cédric Lorenzini et Marion lors des championnats du monde de Pékin, en octobre 2008




Marion: J'ai débuté en face de mon frère, mais sa motivation n'était pas la même que la mienne et le bridge n'était qu'un passe-temps pour lui, et non une passion. Très vite, c'est devenu difficile pour nous de jouer ensemble car j'étais très exigente vis-à-vis de lui, dont je connaissais les capacités intellectuelles.
Mes souvenirs sont assez vagues, mais il me semble que j'ai été repérée à l'occasion d'un stage de bridge à la Fédération où Christophe OURSEL était présent.
C'est de lui qu'est venue l'idée de me faire jouer en face de Cédric LORENZINI, et une fois cette décision acceptée, nous avons bénéficié de nombreux entraînement en vue des championnats d'Europe puis du monde.
Les championnats d'Europe de Jesolo en 2007 étaient la première «vraie» compétition internationale où je participais,  après l'échauffement du Channel Trophy, et ce fut une fantastique expérience. Après avoir subi une sévère défaite lors du premier match, nous avons réussi à revenir dans le classement et à obtenir la médaille de bronze...sur la dernière donne !

Les championnats du monde de Pékin, en octobre 2008, ont été encore plus fort en émotions. Partis outsiders bien que davantage en confiance grâce à notre préparation, notre lancée en poule et l'élimination de la Pologne nous avait mis la pression... Notre finish face à l'Angleterre, qui voulait se venger pour lui avoir subtilisé le bronze à Jesolo, fut particulièrement mémorable et je me souviendrais toujours du soutien des Français présents sur place et de la Marseillaise entamée en salle du vugraph à la dernière donne.















Pékin 2008




















Dany - Qui était la paire un peu "chaude" pendant les championnats, paire qui était interdite de parler des donnes entre eux car ils s'énervaient vite ; ils avaient finalement fait le pari d'arrêter d'en discuter à défaut de quoi ils devaient verser un euro ?
Marion -  Kilani-Franceschetti

Dany – Tu as un penchant pour l’excellence,  tu es une « battante ». Dans   quel (es) domaine(s)  exerceras-tu tes talents, à quoi donneras-tu la priorité  à la fin de tes études ? Professionnel ? Politique ? Bridge ? Essayeras-tu de tout concilier ? D’ailleurs, après ton Master envisages-tu l’E.N.A. ? (puisque on parle d’excellence…)
Marion : Je n'envisage pas de passer les concours administratifs. Une fois mon diplôme en poche (en juin), je souhaite me lancer dans la vie professionnelle, et plus particulièrement dans le secteur du conseil au secteur public.
Evidemment, je vais essayer de concilier ma passion, ma vie privée et ma carrière professionnelle... il me faudra peut-être faire des sacrifices, on verra !

Dany - Pendant les Championnats du Monde de Pékin en 2008 (juniors - 21 ans) ton partenaire est Cédric Lorenzini. Vous survolez la compétition. Aujourd'hui c'est avec Godefroy de Tessières (Hurepoix) que vous venez d'être sacrés champions en Excellence (encore et toujours) en Paire Mixte. Pour quelle (s) raison (s) as-tu changé de partenaire ?

Marion : Je n'ai pas changé de partenaire : je joue en mixte avec Godefroy depuis que j'ai 14-15 ans (nous avons gagné l'excellence mixte l'année dernière, et non cette année où nous étions en DN mixtes) !!!  Cédric était uniquement mon partenaire en -20 ans, et nos chemins se sont séparés une fois la plus belle des médailles obtenue. Aujourd'hui, je n'ai pas encore trouver un partenaire ''unique'' avec qui je pourrais travailler et développer mon système. La mysoginie dans le monde du bridge n'aide pas : si j'ai toujours des propositions pour les compétitions mixte, en open c'est autre chose. 


                                                                 Marion et Godefroy

Dany – Quel système d’enchères, quelles conventions particulières jouez-vous ?
 
Marion : Je joue le standard français,  où ce que je crois l'être :) Pas de 2K multi mais de multiples conventions que j'estime essentielles : le cachalot (texas sur 1T 1K ?, et 1m 1C ?), le rodrigue (1m 1P 2m : 5C+ 8-10H) , une enchère de bicolore majeure faible sur ouverture mineure (5P+ et 4C+, 4-9H)...
Dany – Travailles-tu beaucoup sur les conventions, les stratégies, le jeu de la carte ou es-tu plutôt une dilettante, une instinctive ?
 
Marion : Je suis plutôt une instinctive à la base, étant donné que j'ai appris en regardant les gens jouer et que mes enchères me sont plutôt venues de manière déductive. Aujourd'hui, j'ai la chance de bénéficier de l'avis et des débats de très bons joueurs, à partir desquels je réfléchis à mon système et au jeu en lui-même.
 
Dany – Tes ouvrages de bridge préférés ? Ceux qui t’ont aidé ou marqué ?
 
Marion : Je ne lis pas énormément de bridge, à l'exception du Bridgeur. Les ouvrages de SAPORTA, que je trouve exceptionnels, m'ont toutefois marquée...tout comme, dans un autre genre, les livres de Victor MOLLO (Le bridge dans la ménagerie).
 
Dany – Le, les joueurs (joueuses) qui te fascinent le plus ?
 
Marion:  Le terme de ''fascination'' ne me plait guère pour parler de bridge ! Je n'idôlalatre personne, mais je tiens en haute estime le bridge de plusieurs joueurs, y compris français.
 
Dany – Le (la) partenaire idéal (e)
 Marion : Quelqu'un qui respecte son partenaire, lui fait confiance et parvient à contenir ses émotions à une table, et évidemment qui est talentueux et régulier !
 
Dany – Après être passée par l’équipe des – de 21 ans, 1 fille, 5 garçons et un titre de champions du monde,  tu entres dans l’équipe « girls » des moins de 26 ans avec laquelle tu obtiens un titre de vice- championne du monde.
Quelle (s) différence (s) ? dans le  jeu ? dans l’ambiance ?
Des regrets ?
Marion: L'ambiance n'a évidemment rien à voir puisque nous sommes une équipe de copines ! Après, la différence réside dans le fait que toutes les membres de l'équipe Girls font des études longues ou sont dans la vie active, et ne souhaitent pour la grande majorité ne pas faire du bridge leur vie.










Dany – Si tu te projetes dans quelques années, tu te vois plutôt dans une  équipe disputant la Venice Cup ou dans une  disputant la Bermuda Bowl ?
Marion : Je ne me projecte pas, je joue au maximum chaque compétition et fais de mon mieux pour encore progresser.  Comme je l'ai dit, je ne sais pas comment se présentera mon temps libre une fois immergée dans la vie active.            







    Marion à Venise










Dany - C’était ta 1ere année à Paris. Tu étais une jeune fille timide et romantique (mais drôle et lucide). Après quelques années à Sciences Pô, ton séjour à Bath en Angleterre (ça ne s’invente pas  ), et ta réussite dans de nombreuses compétitions de Bridge, te sens-tu une jeune femme différente aujourd’hui ? Plus sûre d’elle ?




Marion : J'ai pris un peu plus confiance en moi, notamment grâce à mes partenaires successifs qui ont cru en mes capacités.  Pour le reste, je ne pense pas avoir tellement changé : je suis toujours timide en tout cas ! 














 Dany - Merci Marion, bonne journée.  


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